HOMMAGE A MARCEL THOMAZEAU

En 2010, nous avons publié deux bulletins sur le parcours de ce Rezéen de cœur.

Dans ces deux numéros, notre ancien président, Michel Kervarec, lui rendait hommage en écrivant la préface :

Avec ce numéro n°63 du bulletin de notre association et avec le suivant, nous livrons à nos lecteurs un témoignage irremplaçable sur la période qui précéda la Seconde Guerre mondiale et sur la guerre elle-même à Rezé, grâce à l’ouvrage de Marcel Thomazeau « Un long chemin et des sentiers escarpés ».

L’auteur a laissé ce récit pour ses enfants et ses proches mais, en ayant eu connaissance, il nous a semblé du plus grand intérêt de le rendre public tant il éclaire sur ce que fut la condition ouvrière dans les années 1925-1940 (le père était cheminot sédentaire) et sur l’engagement précoce de nombre de jeunes gens de Rezé et des environs dans la   lutte contre l’occupant nazi de 1941 à la Libération.

Marcel Thomazeau vit depuis longtemps à Marseille. Nous l’y avons contacté et il nous a donné son accord pour que nous reproduisions les deux premiers tomes de son récit.

La première partie, reproduite ici, concerne le cheminement d’un enfant puis d’un jeune homme, né en 1922 à Saint-Lumine-de-Coutais et qui suivit les siens au village des Rouleaux en Bouguenais, puis à la Haute-Ile à Rezé, avant de gagner le quartier Saint Paul (la Sermonière). C’est là que la famille résidait lorsque la guerre éclata.

Marcel Thomazeau et son frère Félicien, d’un an son aîné, allaient être parmi les premiers à s’engager dans la Résistance communiste. Félicien fut fusillé à Nantes en 1943 alors que Marcel était déporté en Allemagne, dont il ne revint que grâce à la solidarité de ses camarades de malheur.

Le numéro 64 de notre bulletin reproduira le récit des années de guerre.

Un parcours singulier

Notre ami, Marcel Thomazeau, nous a quittés le 15 mars 2024 à l’âge de 101 ans.

Marcel est né en 1922 à Saint-Lumine de Coutais (44). Il a vécu au village des Rouleaux en Bouguenais puis à Rezé, Haute-Ile et rue de la Sermonière à partir de 1931. C’est à l’école publique de Pont-Rousseau qu’il fit ses études primaires.

Employé dans une imprimerie comme tourneur de feuille puis comme lithographe, il s’engagea très vite dans la vie syndicale et politique. Il adhéra à la CGT mais aussi à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) pour entrer plus aisément dans un club sportif ! (sic).

En 1938, il rejoignit les militants socialistes et communistes en soutien aux républicains espagnols en lutte contre le franquisme. Après un séjour de plusieurs mois à Castres, il revint en 1939 à Rezé dans la maison familiale avec une jeune femme qu’il épousera à Rezé en février 1941.

Refusant l’occupation allemande, il fut l’un des fondateurs du premier groupe de Résistance de la région qui organisa des actes de sabotages tout particulièrement autour de l’aéroport de Château-Bougon. En 1942, il faisait partie du triangle de direction des Jeunesses communistes avec Pierre Le Floch et Marcel Brégeon.

Arrêté par le service de police anticommuniste (SPAC), il fut condamné à 7 ans de travaux forcés le 11 février 1943 par la cour spéciale de la cour d’appel de Rennes. Son frère ainé, Félicien, lui aussi résistant, fut fusillé à Bêle le 13/ 2/ 1943. (Voir procès des 42). Après des séjours dans différentes prisons, il fut déporté à Mauthausen puis à Gusen (Autriche) où il survécut à l’horreur des camps nazis. A sa libération en mai 1945, Il ne pesait que 34 kg et était atteint de la tuberculose.

Rétabli, il devint le secrétaire particulier de Marcel Paul, ministre communiste de la production industrielle avec lequel il avait noué des liens d’amitié durant son séjour dans les geôles de Blois. Puis, il prit la direction de différents journaux dont La Marseillaise en 1965 jusqu’ à sa retraite en 1984. A partir des années 2000, il ne cessa de témoigner son parcours de résistant et de déporté auprès des jeunes collégiens « pour que personne n’oublie » ; et comme beaucoup de déportés, il fut un passeur d’Histoire d’exception.

Bien que devenu Marseillais, Marcel n’oublia jamais Rezé, la commune de sa jeunesse dont Il marquait beaucoup d’intérêt pour son histoire et le travail des Amis de Rezé qui la fait vivre. Nous lui rendons hommage et nous le remercions pour sa très grande générosité et les mots d’encouragements qu’il nous écrivait à la sortie de nos bulletins.

La fin du parcours à Rezé

Le 7 mai 2025, Rezé Histoire a fait le lien entre la municipalité et la famille de Marcel Thomazeau pour organiser la dispersion de ses cendres au cimetière de la Classerie. Nous étions présents pour lui rendre ce dernier hommage.