Stardust – La mise en boite d’un caboteur

1981, un bateau échoué sur la place Beaurivage de Trentemoult est découpé, démonté entièrement dans l’indifférence totale, et disparait du paysage. Quelques mois avant, un incendie s’était déclaré à la proue du navire, laissant une épave calcinée. Que faisait ce bateau sur cette petite plage de Loire ? Depuis quand était-il échoué ici ?

Une mise en boîte

Au début des années 70, un caboteur du nom de « PORT JOINVILLE » ne semble plus en capacité de naviguer. Peut-être fatigué par ses années de trafic, il sort de la flotte de la compagnie Allaire. Ces dernières années le « PORT JOINVILLE » transportait différentes marchandises et matériaux, entre le continent et les îles, plus particulièrement l’île de Ré ou l’île d’Yeu.

La Direction des Affaires Maritimes indique que le « PORT JOINVILLE » sera échoué dans une souille et qu’il perdra de ce fait son caractère maritime. Terminé le transport de marchandise, d’île en île, ou de côte en côte. Et plutôt qu’une mise en boîte, il deviendra une boîte de nuit. La souille en question est en partie sur l’ancienne plage « Beaurivage » de Trentemoult.

Les caractéristiques du caboteur sont les suivantes : 31,50 mètres de long sur 6,00 de large et 2,15 de hauteur

Le « PORT JOINVILLE » n’est plus, vive le « STAR-DUST ».

Cet établissement peut accueillir de soixante à soixante-dix personnes. Quelques serveuses sont embauchées pour maintenir le lien avec la clientèle. Le 19 mars 1971, on inaugure en grande pompe cette nouvelle boîte de nuit peu ordinaire, de son nouveau nom « Start-Dust ».

L’installation d’un bateau boîte de nuit ou bar de nuit est-elle appréciée par la population locale ?

Un an après, le 29 mars 1972 plus précisément, un arrêté préfectoral ferme le « Star-dust » pour 3 mois. La fermeture provisoire est prononcée car la commission de sécurité qui fait ressortir que l’établissement constitue un trouble à l’ordre public.

La vie du caboteur n’est pas un long fleuve tranquille. Parfois un fort coefficient de marée et une crue en amont, lui donne l’envie de reprendre le large. Il flotte !

Le souci, est surtout lorsque la Loire reprend son lit. Le caboteur ne retourne pas forcément dans son emplacement.

Il arrive également des évènements moins agréables :

« Du Rififi dans une péniche boîte de nuit à Trentemoult. »
Le samedi 3 janvier, ver 9h30, les pompiers sont intervenus sur un incendie qui s’était déclaré dans le dancing. Le feu avait pris à l’avant de l’ancien bateau. Cet incendie suspect a été rapproché d’une violente bagarre qui avait éclaté vers 5h30. A proximité de la péniche le sol était jonché de débris. Selon certains témoins, trois hommes se sont présentés dans le dancing et auraient refusé de payer, l’un d’entre eux aurait sorti un couteau. Un consommateur voulant s’interposer aurait été blessé. Les trois individus ont brisé les vitres d’une dizaine de voiture. Le propriétaire du bateau, M. Jean Gérard, qui possède aussi le « Tampico », n’a pas l’intention de se laisser intimider.

En 1978, un nouveau plan d’aménagement du port de Trentemoult est envisagé. Le plan prévoit toujours l’emplacement du « STAR-DUST ». Ce qui indique qu’il fait partie du paysage. Mais en juin 1980 le propriétaire jette, non pas l’ancre, mais l’éponge.
Après les évènements de 1976, un second incendie se déclenche en septembre 1980. Matériel et débit de boisson sont détruits.
Un accord est trouvé entre la municipalité et le patron du « STAR-DUST » en décembre 1980.

Un troisième incendie aura finalement raison du caboteur.

« Le Star-Dust, c’est bien fini »
L’ancien bar de nuit amarré à Trentemoult qui était en cours de démolition depuis quelques jours, a été complètement ravagé par un incendie, hier aux environs de 10h30. Il apparaît probable d’une fausse manœuvre au chalumeau soit à l’origine de ce sinistre.

La municipalité décide l’acquisition des deux parcelles en février 1981.
Le vieux caboteur termine son existence sur la plage « Beaurivage » en 1981, puis disparait définitivement du paysage, il sera remplacé bien plus tard par l’actuelle Maison des Isles.

Sources : Archives Municipales de Rezé
Article complet dans le bulletin des Amis de Rezé no 84

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