La basilique du VIème siècle sous la maison de retraite

René Bertho, fervent catholique, veut une maison de retraite dans le bourg. Le propriétaire de la Villa Bianca ne veut pas lui vendre ; elle sera détruite en 1958 et remplacée par un immeuble d’habitations. Alors, il conclue avec un ancien compagnon des chantiers Dubigeon, Roger Marchais, en achetant en 1964, la parcelle dite La Tanière, au 6 rue Julien Marchais, parcelle AH274. René Bertho, menuisier de formation, réaménage la maison de maitre situé au fonds de la parcelle et y installe les premiers pensionnaires en 1968. Pendant ce temps, il prépare la construction d’un bâtiment de 3 niveaux, cloisons porteuses en béton, avec Loire Atlantique Habitations. Une fouille, sans doute rapide, en 1965, ne décèle aucun vestige. La maison de retraite de 70 lits ouvre en 1972, en profitant des arbres du parc.

la petite Tanière
1968 premiers résidents
cadastre 1970
l’immeuble apparait sur le cadastre de 1970

La maison de retraite est trop petite, il faut l’agrandir. Saisie en février 1999, la ville de Rezé alerte la DRAC. Lionel Pirault est missionné pour une opération préventive de fouilles d’évaluation en juillet 1999. Des fouilles plus importantes à l’été 2000, dégagent 115 m2, un grand bâtiment datant du Ier au Vème siècle. Il devient évident que la maison de retraite ne pourra pas être allongée. Bernard Mandy, directeur des antiquités historiques en Pays de la Loire, confirme en juillet 2001 que le site doit être préservé, que le bâtiment est du Vème siècle à vocation religieuse et qu’il attend les visites de 2 chercheurs du CNRS, d’un expert suisse et de du sous-directeur de l’archéologie M Texier du ministère : ces vestiges sont exceptionnels dans la moitié ouest de la France. Lionel Pirault est missionné pour tout fouiller du 27 mai au 31 août 2002; il s’entend avec la ville pour préserver les grands arbres avec le plan ci-dessous.

La fouille dégage 750 m2 et fait apparaitre une basilique du fin Vème début VIème siècle de 29 m de long sur 26 m de large. La nef a 14 m de longueur et comporte un mur dans le sens de la longueur comme pour canaliser les fidèles. Le chœur de 7 m de large est encadré de 2 annexes de 4,8m sur 7m ce qui donne une allure de T au bâtiment. Le chevet est plat. Un avant chœur surélevé interroge sur sa fonction. Un mobilier abondant est découvert, des poteries, des pièces de monnaie et 100 tessons de verre à vitre de couleur verte.

René Bertho n’a pas vu tout cela; il est décédé d’un accident de voiture le 15 mars 2002. Son vice-président Descamp veut poursuivre son œuvre et demande de surélever le bâtiment. Aussi déterminé que son prédécesseur, il entre en conflit avec le propriétaire des murs, Loire Atlantique Habitations, et avec les familles de résidents qui ne supportent plus la vétusté. Le trésorier Claude Poirier prend la présidence à l’été 2004 et envisage un transfert. Le permis de construire est accordé rue du Vert Praud le 16 février 2007 avec 83 chambres. Puis la ville rachète les lieux et y installe des services municipaux.

Dès l’automne 2002, les fouilles sont recouvertes de terre et le parc est restitué; plus rien n’est visible. Un tel monument, encore en fonctionnement à l’époque mérovingienne, laisse présager que des occupations très importantes existent dans les parages. L’association Rezé Histoire souhaiterait que des fouilles programmées soient engagées dans les Champs Saint Martin. Pour cela, il faut quelques sous.

  • Voir la galerie de la photothèque basilique du VIème siècle
  • Lire La basilique paléochrétienne de Rezé par Lionel Pirault dans le Bulletin n°46 de septembre 2005 des Amis de Rezé
  • Lire Le chantier de la Tanière par Michel Kervarec dans le Bulletin n°59 de novembre 2009 des Amis de Rezé
  • Lire Rezé à l’époque mérovingienne … par Yann Vince dans le Bulletin n°84 de 2019 des Amis de Rezé
  • Lire Rencontre avec Lionel Pirault 15 ans d’archéologie par Jacques Daniel dans le Bulletin n°87 de 2021 des Amis de Rezé
  • Pour en savoir plus, découvrez l’article la basilique du VIème siècle sur le site patrimoine-archives.reze.fr
  • Ou l’onglet Atlas archéologique du Chronographe et cliquez sur le + situé à l’ouest du bourg

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