Chapelle Saint Lupien

La chapelle Saint Lupien que nous connaissons date du XVème siècle. Elle est posée sur un édifice du XIème siècle ; la première mention historique d’un lieu dédié à Saint Lupien, apparait en 1163 dans la donation faite par le pape Alexandre III à l’abbaye de Geneston.

Saint Hilaire, évêque de Poitiers, aurait baptisé en 340, un homme nommé Lupianus. Celui-ci serait décédé quelques jours plus tard, encore en habit blanc de baptême. Selon Grégoire de Tours qui relate les faits au VIème siècle, des miracles ont lieu : un aveugle retrouve la vue ; un paralytique peut marcher à nouveau et un muet s’exprime. Une dévotion populaire s’installe avec un lieu de culte et une nécropole : les sarcophages mérovingiens et carolingiens s’empilent sous des sépultures du Moyen Age.

Au XVIIème siècle, le voyageur Dubuisson Aubenay confirme le culte de Saint Lupien. Mais elle est mal entretenue : elle est interdite au culte en 1777. Le prieuré n’a plus qu’une fonction agricole. Devenue bien national en 1791, elle est vendue pour 17 700 livres, et est ainsi décrite: Accolé à la chapelle par l’est, un bâtiment surmonté d’un grenier, comprend une écurie, un four, un grand cellier avec pressoir, et est prolongé de 2 toits à cochon. Au sud ouest, le logis du prieur comprend 2 chambres, une écurie, un petit cellier et un grand grenier. Il a un jardin, un verger, un enclos de vignes et un grand pré. Nous les reconnaissons sur le plan de gauche, extrait du cadastre de 1926.

Des agriculteurs se succèdent et ne l’entretiennent guère: en 1837, la chapelle n’a plus de toit. En 1872, un propriétaire Saupin veut la restaurer et dépose le carrelage : des vestiges apparaissent. Ils sont mal recensés et peu touchés; seul le toit est refait. Un boucher Lambert élève des moutons au début du XXème siècle: le bâtiment a l’allure de la carte postale ci-dessus. Après 1920, le nouveau propriétaire Jean Peigné fait disparaitre le bâtiment de droite. Le plan de droite, extrait du cadastre de 1934, indique bien que le logis du prieur a été démoli. Alors des agriculteurs élèvent des vaches laitières et fournissent du lait frais aux habitants du bourg jusqu’en 1970.

En 1960, la municipalité Plancher construit les 1 300 logements de la ZUP du Château de Rezé et son architecte Demur envisage de couvrir d’immeubles le versant sud de la route de Pornic en détruisant la chapelle, voir la galerie de photos. De hauts immeubles sont construits au Port au Blé. Mais la destruction du château des de Monti suscite quelques protestations ; la sauvegarde de la chapelle est amorcée. Alain Plouhinec alerte Alexandre Plancher en 1967. Michel Kervarec et Yann Vince poursuivent cette cause. Les adjoints au maire Serge Conchaudron et Gilles Retière négocient avec la famille Peigné : ils veulent bien vendre la chapelle et les prés au nord, au prix du terrain agricole, mais ils veulent que tous les terrains situés au sud jusqu’à la rue Emile Zola soient classés en terrains à bâtir. Quand le POS, Plan d’Occupation des Sols est ainsi modifié, le conseil municipal délibère le 4 avril 1980 et Jacques Floch signe l’acte d’acquisition le 18 mars 1981. La ville mure le bâtiment et engage des travaux à l’été 1983; ils vont durer 6 ans.

Depuis longtemps des érudits s’intéressent à ce secteur ; Alain Plouhinec dans les années 1960 et Yannick Loukianoff dans les années 1970 fouillent et découvrent des bâtiments gallo-romains, des puits et du mobilier. L’Etat prend conscience que le site est majeur et le nouveau directeur régional des Antiquités Historiques, Gérard Aubin, indique au nouvel adjoint à la culture, Gilles Retière, que l’on ne peut plus continuer à fouiller avec des amateurs et que l’Etat veut assumer les fouilles avec des professionnels. Les sondages sur les terrains Peigné détectent de nombreux murs, une voie romaine. Pas d’autorisation de lotir avant longtemps, alors les consorts Peigné envisagent de vendre. L’achat est décidé le 23 octobre 1984, par le SIMAN, au prix de 70 F/m2 quand le premier achat a été réalisé sur 7,18F/m2. Les fouilles s’enchainent. La ville de Rezé créée un poste d’archéologue et recrute Ophélie de Peretti. Un quartier d’entrepôts, d’ateliers d’artisans s’alignent le long d’une voie romaine au sud de la chapelle. Des quais antiques sont découverts en contre bas de la chapelle.

La chapelle est posée sur ces structures antiques du Ier et IIème siècles, recouvertes depuis le IVème siècle d’édifices et de sépultures liés au culte de Saint Lupien. Le sous-sol intérieur de la chapelle comporte 2 murs gallo-romains en T, surmontés de sarcophages et des fondations des oratoires successifs: elle est classée monument historique en 1986. Les portails et baies sont de style gothique flamboyant. Un muséum a été envisagé mais la surface est trop petite. Gilles Retière a décidé de construire un centre d’interprétation et d’animation du patrimoine sur les fondations du plus grand entrepôt découvert sur le site et a recruté une conservatrice du patrimoine Cécile de Collasson; Gérard Allard l’a dénommé Chronographe et l’a orienté vers le gallo romain.

Pour en savoir plus, lire les articles dans les bulletins des Amis de Rezé

  • no 1 février 1984 par Michel Kervarec La Chapelle Saint-Lupien
  • no 16 juin 1993 par Yann Vince le site de Saint-Lupien
  • n°37 septembre 2002 la chapelle Saint-Lupien avant les travaux de mise hors d’eau: un patrimoine reconnu
  • n°81 juin 2017 par Yves Lostanlen ce que l’on sait de la vie et du culte de Saint-Lupien
  • n°88 septembre 2021 par Jacques Daniel la chapelle Saint-Lupien une histoire patrimoniale

Et encore plus d’informations en suivant les liens vers : Le Chronographe et les Archives de Rezé

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